Résumé :
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C’est un homme du soir et de la nuit que croise chaque jour un petit garçon au bonnet rouge. Il aperçoit cet individu sur le chemin du retour, quand il rentre de l’école. L’enfant rêve et imagine que cet homme est le roi d’un pays lointain, qu’il dort sous une tente, dans « un pays de sable et de vent ». La réalité est moins lumineuse. L’homme – sans doute un « essedé-effe » comme l’appelle le père de l’enfant – ne dit pas un mot, vit en retrait de la société. Il semble transparent ; peu de gens lui adressent la parole. Et puis un jour, il n’y a plus personne. L’auteur de cet album a écrit cette histoire en mémoire d’Ahmed, mort de froid en février 2006 à Paris. Pour chaque album vendu, 1 € est reversé à l’association Emmaüs. Bien abordé, bien vu, le thème de l’exclusion est présent dans cette histoire de façon non frontale. Il y a de la pudeur et du respect dans le récit de Barroux, qui recourt à la fiction pour explorer le monde de la pauvreté. Mais c’est surtout l’indifférence des autres qui ressort dans « Ahmed sans abri ». Le SDF est représenté comme un géant, digne et presque irréel. L’univers grisâtre de la ville côtoie les paysages ensoleillés des pays du sud, reflétant le petit monde embrouillé et imaginaire de l’enfance. Les illustrations sont pleines de poésie, empreintes de légèreté. Réalisés à la mine de plomb, les détails appuient le ton onirique et vaporeux de cet album, intensément humain.
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