Résumé :
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Le narrateur ne supporte plus les activités terre-à-terre de ses parents, leur comportement de consommateurs bornés, les longs repas de famille à la mémoire de pépé, les voisins si prévisibles… La banlieue morose l’indispose. Il préfère traîner avec ses copains le soir, passer des après-midi avec Justine qu’il n’ose pas toucher. Roman du désarroi de l’adolescence, Treizième Avenir est formellement novateur : une sorte de long poème sans aucune ponctuation et très peu de majuscules, racontant des bribes du quotidien le temps d’un week-end. Le découpage chronologique très simple laisse la place à l’expression d’adolescents confus, inquiets, se cherchant un avenir incertain. Le vocabulaire ordinaire, voire vulgaire, prend une dimension poétique lorsque Sébastien Joanniez joue de la répétition, de l’accumulation ou des sonorités (« dans ton costard je taille des mites de haine / des mitaines de rage à t’égorger les profits », p. 45). La lecture est tout à fait étonnante, on est rapidement pris au jeu, ravi de se laisser porter par une langue si originale. Les sentiments sont très bien vus – l’auteur avait déjà montré qu’il savait faire -, oscillant d’un rejet global de la famille à une première expérience sexuelle en demi-teinte. J’ai eu personnellement la sensation d’un narrateur très triste, désabusé, mais le visionnage d’un extrait lu par l’auteur sur le site www.exprim-forum.com m’a montré l’aspect humoristique des petites aventures de ce garçon. Un avantage de cette collection qui fonctionne sur un principe « multimédia » et propose même pour chaque ouvrage une liste de morceaux de musique à écouter ! A expérimenter, à apprécier… et à retenir : le talent, la voix différente de Sébastien Joanniez se confirment.
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