Résumé :
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«Gisèle Bienne vit en Champagne, mais il semble bien que ce nom n'évoque jamais pour elle le pétillant vin des fêtes. La Champagne, c'est le Chemin des Dames, la Ferme de Navarin. Là, en guise de vendanges, on récolte encore d'innombrables bouts de ferraille incrustés dans la terre où des milliers de jeunes hommes perdirent la vie, et, pour ceux qui ont survécu, le goût de vivre. L'originalité de son livre, c'est qu'elle n'y décrit pas la guerre, la vie dans les tranchées, les attaques, les bombardements, les gaz asphyxiants. Elle décrit l'après. Cela me fait penser à Erich Maria Remarque qui, à son très célèbre A l'ouest rien de nouveau, a donné comme suite un beau roman intitulé Après. Paysages de l'insomnie nous raconte ce que deviennent un ancien combattant, Marcel, sa famille, ses amis, dans les années vingt. [...] L'homme qui a traversé la guerre n'est plus fait pour la vie de famille que lui proposent sa femme, sa mère, sa belle-mère et l'enfant qui est né, le petit Lucas. Il se sent mieux dans Le café d'en haut où il retrouve des camarades. Comment s'entendre avec Irénée, trop pieuse, indifférente aux choses de la chair, infiniment malheureuse devant ce mari impie, antimilitariste, révolté contre tout et tous? La vie désormais ne sera que désordre et malheur, pour les siens et pour lui-même. Si ce roman nous bouleverse, c'est qu'à la brutalité du sujet se mêle une grande délicatesse de touche. Les rapports entre Marcel et sa mère, Marcel et Irénée, évoluent de façon nuancée et complexe. Et toujours, sous-tendant le récit, une immense révolte contre la société en général et l'armée en particulier. Mais ces pages, qui disent si bien le malheur, ne seraient rien si elles ne disaient pas aussi la richesse de l'amour.» Extraits de la préface de Roger Grenier.
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