Résumé :
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A la fin des années trente, dans un Japon allié des nazis, un homme parcourt Tokyo, s'arrête dans les bars d'hôtel, séduit les femmes, corrompt les fonctionnaires, boit et mange, vocifère et engueule. Physique d'athlète, démarche que l'alcool rend incertaine, visage buriné par les nuits blanches, ses amis l'appellent Herr Doktor. C'est le héros paradoxal et tourmenté de ce roman. Correspondant au Japon de la Frankfurter Zeitung, intime de l'ambassadeur d'Allemagne, et plus encore de sa femme, au courant de toutes les opérations militaires, il est aussi, dans un secret fiévreux et toujours menacé, le responsable d'un réseau d'espionnage au service de Staline. « Spionen » ! Le jour, il divertit son public. La nuit, communiste dans l'âme, doutant de tout sauf de sa foi dans le triomphe du stalinisme, il envoie des messages cryptés à Moscou, depuis Tokyo rouge d'alcool et blanc de neige. Jusqu'où va son influence ? Combien de temps encore parviendra-t-il à se jouer des nazis, à tromper les Japonais, à entretenir ses maîtresses ? Au bout du chemin, lui seul le sait, il y a la mort. Morgan Sportès, parfaitement documenté sur cette période-charnière de la guerre, a écrit la saga d'un homme seul contre tous, un héros d'un autre temps, vrai personnage à la Malraux. « Modern girls » nippones en jupes courtes, geishas dévouées, nazis gominés, espions staliniens prêts à trahir, comparses dont on ne sait s'ils sont des agents doubles ou triples, femmes du monde drapées dans leur robe du soir, tous se croisent, s'esquivent, et dissimulent leur âme dans ce Tokyo entre modernité et archaïsme, buildings et maisons de bois. Epousant l'époque qu'il décrit, empruntant à la déconstruction cubiste l'art d'exploser les lignes, Morgan Sportès signe un roman-vrai étonnant, lyrique, fou, fiévreusement rythmé, comme une marche vers l'apocalypse.
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