Résumé :
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Gauchos condamnés à la solitude, marins attachés au service de rafiots hors d'usage, insurgés en fuite, contrebandiers, chasseurs de phoques, tels sont les personnages qui peuplent les paysages grandioses et désolés de la Terre de Feu. Francisco Coloane restitue ainsi, dans toute sa puissance et sa fragilité, la condition de l'homme chilien et son combat chaque jour renouvelé pour dompter la nature cruelle de ce bout du monde.
Publié au Chili en 1963, Tierra del Fuego se distingue d'un simple recueil de nouvelles à la fois par l'unité du style, par celle des paysages, désolés ou grandioses, qui lui servent de cadre, et par les thèmes récurrents qui le traversent : histoires de folie et de mort dont le héros innommé est ce Grand Sud qui aimanta de tout temps les rêves de l'imaginaire sud-américain. Les personnages qui hantent ce bout du monde sont tous plus ou moins des exilés : gauchos condamnés à peupler de mauvais rêves leur solitude, marins attachés au service de rafiots hors d'usage, insurgés en fuite, contrebandiers, chasseurs de phoques, parias de toutes les nations... sans oublier les Alakaluf et les Yaghan qui furent les premiers habitants de ces terres promises à toutes les désolations, et que le « progrès » a chassés de leur propre Histoire. Les récits qui s'enchaînent et se répondent sont forts comme un alcool frelaté, tragiques comme la vie qui n'a pour se défendre que le renoncement, l'ivresse ou le mal. Aucun « effet » dans ces comptes rendus cruels qui ne se paient pas de mots, tournent résolument le dos aux prestiges du baroque, et dont la simple brutalité vous happe et ne vous lâche plus. On comprend qu'Alvaro Mutis n'hésite pas à voir en Coloane un nouveau Jack London.
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