Résumé :
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Se regarder de la tête aux pieds, apprendre à se connaître visuellement et par le langage sont des activités nécessaires de la petite enfance et cela constitue le socle de cet abécédaire du corps dessiné par Barroux. Comme tous les abécédaires, la magie de l’énumération opère avec le plaisir de la liste et son côté parfois incongru puisqu’on commence par « appendicite » avant « biceps », « cœur » « dents »… Cet inventaire présente donc des éléments familiers des enfants, « les dents, les joues », avec d’autres plus surprenants « kilo », « humérus » ou encore « varicelle ». Outre ce jeu de langage, l’intérêt de cet abécédaire tient à l’illustration. Les enfants, garçons et filles tout en rondeurs juvéniles, vivent des saynètes bien au-delà des besoins de la nomenclature. Ainsi, pour « joues », ce que nous voyons c’est le bisou déposé sur la joue ; « genou » est illustré par le rouge de l’écorchure causée par la chute lors d’un jeu de ballon. Loin d’une perspective encyclopédique, c’est la perception enfantine (ou l’idée qu’on en a ?) qui est privilégiée. Les techniques de collage où émerge le trait fin des corps et des visages, l’humour des situations, microbes multiformes avec yeux, gourmandise de la langue qui lèche la sucette, étonnement du nombril ou de l’urine qui jaillit, construisent un univers chaleureux, faussement naïf, qui affirme avec bonhomie dans l’image finale de zizi et zézette, le bonheur égal d’être un petit garçon ou une petite fille.
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